Le plomb est un métal naturellement présent dans l’écorce terrestre, utilisé dès la préhistoire dans de nombreux objets d’usage courant jusqu’à atteindre son apogée au moment de la révolution industrielle du 19ème siècle. Aujourd’hui, la plus grosse part de la production de plomb est consacrée aux batteries automobiles et aux munitions. Son usage est limité, contrôlé et encadré par la loi.
… mais il reste un élément toxique pour la santé que l’on ingère (aliment, eau) ou que l’on respire ! Pierre Duclos, responsable technique national polluants/air chez AC Environnement nous apporte son éclairage sur ses dangers dans l’air et comment s’en prémunir. 

Le plomb dans l’air

Aujourd’hui le plomb dans l’air provient majoritairement du secteur du bâtiment et des chantiers de rénovation. Il faut savoir qu’autrefois, le plomb était utilisé dans les canalisations, mais aussi dans les peintures car il évitait toute corrosion. Interdit d’usage depuis la première moitié du XXe siècle, le plomb dans les peintures n’a été interdit qu’à compter de 1949. 

Il est aussi possible d’en retrouver dans l’air lors de la combustion de matériaux en contenant, comme ce fut notamment le cas à la suite de l’incendie de Notre-Dame-de-Paris ou de l’usine pétrochimique Lubrizol située à Rouen. Les poussières contaminées sont émises par les sites et transportés par l’air. Elles se déposent sur le mobilier urbain, les voiries ou encore les aires de jeux extérieures. 

Stand de tir

« Il y a aussi un cas, moins connu, ce sont les stands de tir. Ceux de la police, de la gendarmerie ou de loisir. Car le plomb est partout. Dans les cartouches et les pièges à balles. Nous pouvons donc en retrouver dans l’air, même s’il y a des ventilations pour limiter cela. Les personnes qui nettoient sont donc particulièrement exposées et font l’objet d’habillage et de déshabillage stricts pour ne prendre aucun risque », raconte Pierre.

Enfin, le plomb dans l’air est aussi dû aux émissions industrielles (fonderies primaires et de recyclage, métallurgie, combustion du charbon, incinération des déchets). Heureusement depuis 2000, avec l’interdiction de l’usage de plomb dans le carburant, les émissions de plomb dans l’atmosphère ont considérablement diminué. 

Quels sont les risques encourus ?

Le plomb est un CMR (Cancérigène Mutagène Reprotoxique) avéré. 

Le mécanisme principal du plomb est que, lorsqu’il est inhalé, ses poussières passent dans le corps et ont tendance à se fixer sur les tissus mous mais aussi le système osseux et dentaire. Nous parlons principalement du cerveau où des défaillances cérébrales peuvent apparaître tel le saturnisme, mais aussi le foie, les reins entrainant des insuffisances hépatiques et rénales, et est responsable de fausses couches voire d’intoxication du fœtus créant des malformations sur les enfants à naître. En effet, les risques sont démultipliés sur les enfants avec des retards de développement irréversibles. 

plomb air

Comment pouvons-nous nous en prémunir ?

> Dans la vie de tous les jours, c’est assez compliqué d’identifier le plomb. Au sein des habitations anciennes, sa présence est portée à la connaissance des propriétaires ou locataires dans le cadre d’une mise en vente ou de location. Mais il est tout à fait possible de vivre « à côté » sans être impacté, tant que les revêtements qui en contiennent (peinture, canalisation) sont de bonne qualité. 
A contrario, dans une construction récente, le risque est quasi nul puisque les peintures au plomb sont désormais interdites et cela depuis plus de 70 ans. 

> Lors de l’exécution de travaux des particules toxiques peuvent être libérées, le diagnostic sera fait en amont. En effet, toute manipulation et mise à nue du plomb génèrent de la poussière contaminée qui risque d’être inhalée ou ingérée. Il est alors vivement conseillé de faire appel à une société compétente et soumise à des règles spécifiques d’organisation et d’assurance pour les localiser et les supprimer. 
NB : Il existe différentes techniques pour retirer la peinture au plomb : le grattage, le ponçage et même le sablage. « Par exemple, la Samaritaine qui a été rénovée il y a peu est un très vieux bâtiment avec des poteaux métalliques recouverts d’une peinture verte plombée. Ces poteaux ont donc été confinés et sablés à haute pression ». 

> S’agissant des canalisations, il est souvent possible les remplacer par leur équivalent en PVC ou autre. « Malgré tout, il y a des canalisations qui sont plombées et qui resteront plombées. Celles du château de Versailles notamment, car c’est un monument classé et il est donc interdit d’en changer. Toutes les fontaines du château sont donc alimentées par des canalisations en plomb qui sont entretenues régulièrement. Les personnes qui interviennent dessus se protègent », ajoute Pierre

> Enfin en extérieur, il est impossible d’identifier la présence de plomb « à l’œil nu ». On recommande donc aux enfants de ne pas mettre les mains à la bouche surtout en extérieur et lors de la fréquentation des aires de jeux. Et pour éliminer au maximum cette source de pollution, des gestes sanitaires sont recommandés comme le lavage fréquent des mains.

Dans quel cadre interviennent les équipes d’AC Environnement ?

Les experts d’AC Environnement, certifiés, expérimentés et compétents dans la réalisation des diagnostics plomb, interviennent auprès des propriétaires dans le cadre de repérage du plomb lors d’une mise en vente ou location d’un bien immobilier (ou CREP, constat de risque d’exposition au plomb, obligatoire pour tout bien construit avant 1949), avant travaux et/ou démolition ou après ceux-ci pour contrôler le taux à leur issue. 

  • Dans un premier temps, les techniciens étudient les documents mis à disposition par le donneur d’ordre. 
  • Puis ils interviennent sur site en faisant des prélèvements de surface et en utilisant des analyseurs portatifs à fluorescence X ou en envoyant les éléments aux laboratoires habilités. 
  • En fin de mission, un rapport est remis avec les mesures obtenues, leurs localisations précises, l’état de conservation s’il s’agit des peintures et les éventuels risques encourus.

pompe prélèvement air
Pompe de mesure plomb dans l'air

Les experts AC Environnement interviennent également dans le cadre de mesure d’ambiance. En effet, par suite d’un incident ou si des travaux de rénovation sont effectués et qu’un risque d’inhalation au plomb est avéré, on quantifie la masse de plomb inhalé par les opérateurs. Ce résultat d’« exposition professionnelle » ainsi obtenu est comparée à la valeur limite d’exposition professionnelle (ou VLEP) fixée par le code du travail à 0,1 mg/m3. Pour ce faire, des pompes reliées à un filtre placé au niveau des voies respiratoires sont posées sur les travailleurs exposés. Ce contrôle est obligatoire dès lors que le risque existe. 

Le plomb est nocif… « Nous sommes face à un CMR assimilable par voie aérienne, mais aussi cutanée. Il faut le mettre au même niveau que l’amiante, même si réglementairement, ce n’est pas encore le cas. Cela ne va pas créer les mêmes pathologies, mais c’est tout aussi nocif. Il est donc important que les employeurs soient sensibilisés à la dangerosité de ce métal ! » précise Pierre Duclos. Faisons appel aux experts !



Pierre DUCLOS,
responsable technique national
AC Environnement

Zoom sur Notre Dame de Paris :

Du sertissage des vitraux jusqu’aux cercueils de chanoines, en passant par sa fameuse flèche, la quantité de plomb contenue au cœur de Notre-Dame-de-Paris était colossale. Lorsqu’elle a brûlé le 15 avril 2019, ce sont plus de 400 tonnes de ce métal lourd qui ont fondu et se sont disséminées sous forme de particules aux alentours, faisant prendre des risques aux Parisiens. Des contrôles ont donc été régulièrement effectués tout autour de Notre-Dame afin de s’assurer de la non dangerosité pour les populations alentours.

Photo de couverture : Yann Vernerie